Interview de Bruno Gauthier, buraliste

Tabac le 1 000 à Beaucouzé

Bruno Gauthier gère le 1 000, un bureau tabac situé au 1 Rue du Bourg à Beaucouzé (49070) depuis plus de 9 ans. Le buraliste chevronné se confie sur son métier :


Tabac et… Covid-19

En ces temps particuliers de Covid-19 et de confinements, comment avez-vous géré votre activité au quotidien ? Nous n’avons pas fermé notre commerce car nous faisions partie des « professions autorisées » lors des différents confinements. Malgré tout, nous avons développé les activités de boissons et de plats à emporter pour s’adapter à la demande.

La crise sanitaire aurait augmenté le nombre de fumeurs en France, l’avez-vous constaté de votre côté ? Oui. Les ventes de cigarettes ont augmenté de manière significative depuis la pandémie. Nous avons même croisé, de façon régulière, des personnes qui étaient surprises de ne plus voir de paquets de cigarettes à 5€ [NDLR : ce coût est aujourd’hui de 10€] ou qui nous demandaient des cigarettes au menthol [NDLR : ce type de produit n’existe plus depuis un arrêt datant de mail 2020].


Buraliste : un métier en pleine transformation !

Diriez-vous que votre métier a changé au cours de ces 10 dernières années ? Complètement ! Aujourd’hui notre métier se définirait plutôt comme du « conseil de proximité ». Les clients sont demandeurs de renseignements, ils recherchent des nouveautés, les derniers jeux ou des cigarettes électroniques. Les clients sont plus pointus, plus au courant des évolutions du marché avec les réseaux sociaux et Internet.

Pouvez-vous compléter cette phrase : « buraliste est un métier… de passionné ! ». Pour être efficace, il faut être ouvert 7 jours sur 7, notamment pour la vente de presse quotidienne et de PMU. C’est un très beau métier, mais je dois bien avouer qu’il est également épuisant. J’aimerais m’accorder « un petit samedi » de temps à autre, mais mon métier me le permet difficilement. Quelle dommage qu’une journée ne dure que 24h ! (rires)

De moins en moins de fumeurs en France : 34% des 18-75 ans en France en 2014 contre 30% en 2019, constatez-vous la baisse du nombre de fumeurs en France dans votre établissement ? Non. De mon point de vue, je dirais même que le nombre de fumeurs augmente chaque année. En revanche, je constate que de plus en plus de français achètent dans les « marchés parallèles » : 1 cigarette sur 3 est achetée en dehors d’un bureau tabac (source : Losange Expo).

Avez-vous dû vous diversifier votre activité pour « tenir le cap » ? Notre métier de service de proximité ouvert tout le temps nous conduit à nous diversifier, pas forcément pour « tenir le cap » mais plutôt pour répondre à la demande des clients. C’est le cas par exemple des services carte grise ou timbres-poste, qui nous permettent de faciliter la vie de nos clients, notamment en matière de gain de temps.

Quels sont les produits et services que vous commercialisez en plus du tabac et de la presse ? La vente de timbres-poste (très prisés malgré la présence d'un bureau de Poste juste à côté de notre commerce), de cartes grises, de permis de pêche et de services dématérialisés grâce à la caisse de gestion Bimedia.


Conseils pour un jeune buraliste qui se lance

Comment définiriez-vous le métier de buraliste et quels conseils donneriez-vous à un jeune qui se lance ? En un mot : « passion ». Buraliste est un métier de passionné, il ne faut pas avoir peur de travailler, notamment si on propose, comme nous, un service de restauration du midi. Les activités tabac presse et jeux demandent beaucoup de travail. J’imagine que si l’on propose uniquement de la vente de tabac, le rythme de travail sera plus « cool ».


Un petit mot aux français…

Que diriez-vous aux français pour qu’ils se tournent davantage vers les « petits » commerçants ? Dans un pays qui est pourtant « de gauche », on fait énormément travailler les grands groupes comme Amazon, Cdiscount ou Carrefour. De mon point de vue, ce n’est pas logique. Les produits ne sont pas forcément plus chers chez les commerçants de proximité, tout dépend du volume au niveau des marges. Ce n’est pas parce que les grands groupes achètent « moins cher » qu’ils vendent moins cher.

 


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